[Partie 1] Le banc des amoureux

Enfin, Marie avait laissé Forestine quitter la boulangerie. Quelle femme étrange , cette Marie !
Ah, si seulement je pouvais trouver un travail bien rémunéré ailleurs, songeait la jeune femme.

Sur le chemin qui la menait vers sa maison, elle ralentit le pas, sans trop savoir pourquoi. Elle pensait à la terrible nouvelle du jour, à ses enfants, à ses soucis d'argent. Elle pensait qu'un homme manquait dans sa vie.

Alors, elle repartit vers le lieu de ses premières amours : ceux de l'âge tendre et innocent. Arf, elle n'était pas seule.
Qui donc trainait ici ?
Soudain, l'homme se retourna et Forestine s'arrêta net. Cet homme, elle l'avait déjà croisé à Thiercelieux, mais sans trop y faire attention.
Là, ils étaient seuls tous les deux et Forestine prit le temps de l'observer.

Qu'il est beau ! souffla-t-elle.
Elle avança vers lui, les jambes en coton.
Elle ne pouvait plus détacher son regard de cet homme et ne pensait plus qu'à une chose : se retrouver entre ses bras.

Enfin, Gomina se retourna, et ouvrit les yeux pour de bon, reconnaissant celle qui guiderait désormais son cœur jusqu(à la fin de ses jours. Lui, qui n'avait pourtant pas la mémoire des noms, trouva en son subconscient, comme par magie, celui de sa chère et tendre.
- Ferrari ?
Devant son air étonné, il en déduit immédiatement qu'il avait visé juste. Une déferlante de sentiments l'envahit, et il eut soudain l'envie de lui dire tout ce qu'il espérait vivre avec elle. Il la voyait déjà à ses cotés, parcourant ensemble le Royaume entier à bord de sa voiture à quatre-chevaux, et au petit matin, elle l'acclamant de tout son être pour les figures qu'il effectuerait magistralement au lever du lit.

Mais il préféra laisser ses fantasmes vivre encore en son imaginaire, et lui avoua un bien terrible secret :
- Ma chère Ferrari, je vais vous dire mon secret, dit-il d'une voix si faible qu'elle fut obligée de se rapprocher. Je vois des gens qui sont mort...
Elle laissa un court silence :
- Mais... tu veux dire... dans tes rêves ?
Il secoue doucement la tête.
- Tout le temps...

- Oh non.... Tu, tu es... Mais les villageois vont vouloir te tuer ! Il nous faut brouiller leurs pistes ! Les mener vers un autre damné ! Connais-tu d'autre... créatures osa-t-il dire... comme toi ? Jamais je ne les laisserai te prendre ! J'en mourrai !

- Jehan... Je m'en doutais ! Je savais bien que ses intentions étaient démoniaques ! Enfin, je dis ça sans vouloir te blesser ma chère et tendre... On ne se lève contre moi qu'avec de mauvaises intentions, et je lui ferai payer sa trahison ! Cet homme est à l'origine de tous ces sacrifices. Il va nous falloir de l'aide, celle d'un petit voyeur qui veille à la sécurité du village... Il va également falloir rester discrets. Je pense que nous pourrions réunir nos voix pour prendre ce démon à son propre jeu en l'envoyant au bûcher !
Pour ma part, je sais contre qui voter ce soir. M'aideras-tu à cette grande épreuve ?
La dévisageant en espérant son soutient, il fit trois petits bonds et un salto.

- Oh ma chère Ferrari... il s'approcha un peu plus de sa douce et posa sa main sur son nombril. N'est-ce pas ton ventre que je viens d'entendre gargouiller ?

Forestine ,et non Ferrari, rougit jusqu'à la racine de ses cheveux.
Elle posa une main sur son ventre comme pour lui intimer l'ordre de ne pas faire de bruit.

Ohhhhhhhh, tu sais je ne mange pas tant que ça...

Elle bredouilla quelques excuses incompréhensibles, puis comprit l'allusion.

Hummmmmm....oui, mon Doux. Je suivrai tes conseils. Ahhhhh, tu es TELLEMENT BRILLANT ! s'extasia Forestine.

- Je suis plus que brillant, ma chère Ferrari, je suis Magnifique ! N'aies crainte tu ne risques rien à mes côtés, et je m'en vais attaquer seul à seul ce démon qui te terrorise ! Ah ! Ah ! Ah ! Je ne crains ni la peur ni la mort, seule une vilaine entorse pourra m'empêcher de bondir comme je le fais si bien ! J'espère seulement que nous n'ayons pas fait une erreur en éliminant la voyante si vite... Elle n'a apparemment pas eu la présence d'esprit de s'intéresser au maire, et nous avions à nous trois toujours quatre voix contre la cible de notre choix... Désormais, je ne vois que la chute du maire en ralliant les honnêtes villageois à notre cause pour nous sortir de cette mauvaise passe ! Qu'en dis-tu ma tendre aux longues dents, suis-je allé trop loin en provoquant le chef de votre meute ?

[Le lendemain, même lieu de rendez-vous secret]

Oh, mon beau , mon tendre Gomina....
Cette nuit, la voyante a fini sous nos crocs de lycans.
Après cela, Jehan m'a confié vouloir faire de toi, son prochain repas.
J'ai essayé de l'amener vers un autre choix, mais à présent je crois qu'il a deviné le tendre lien qui nous uni.
Nous sommes en danger tous les deux.
Il va falloir ruser pour créer la confusion chez les Locaterciens et les pousser à nous débarasser du maire.

Forestine se blottit contre Gomina.
Leur amour allait-il être assez fort ?

Gomina était revenu en bondissant et en pirouettant au lieu de leur rendez-vous secret. Puis, il patienta son retour tout en roulant sur lui-même.
- Ma chère et tendre... nous sommes donc vraiment découverts ? ainsi, il va nous falloir tenir le coup coûte que coûte jusqu'au bout... cela sera dur, mais nous pourrons y arriver ! Je vais essayer d'aider le forgeron à retrouver la raison, toi de ton côté, te sens-tu capable de tenir tête à ton acolyte et l'empêcher chercher son repas cette nuit ? Je sais que tu peux trouver en notre amour la force nécessaire pour devenir le nouveau chef de ta meute.. Oh je sais que je te demande tellement... mais peut-être pourrons-nous trouver une issue à tout cela et enfin vivre heureux, seuls... et ensemble !