[Partie 2] L'histoire (RP)

- Faudrait que j'trouve une femme, une gentille, une « maman », faudrait que j'quitte ces dames qui m'font rougir le sang... marmonna après une bien grasse matinée Georges-Jacques Oldman dans son lit à l'hôtel du Riz Faudrait que j'devienne plus sage, que j'sois plus raisonnable à mon âge, j'sais bien, j'sais bien, j'sais bien, je commence demain. Faudrait que j't'oublie... Ainsi fit-il ses adieux au lointain souvenir de sa bien-aimée, la dénommée Natacha, qui l'abandonna il s'en souvient un soir de pleine lune, ne laissant aucune trace derrière elle.

Il marcha au radar et se dirigea comme à son habitude vers la taverne, pensant y retrouver ses acolytes des lieux. Mais non, aucune trace d'eux deux. Il faut croire qu'il était maudit, tout son entourage avait pour mauvaise habitude de disparaître les soirs de pleine lune.
Par contre la salle était sens dessus-dessous, et des dizaines de villageois discutaillaient en groupes, élevant chacun la voix plus fort que l'autre, sans chaise en état où s'asseoir, ni même de chope servie à leur disposition. Il allait se plaindre de ce désordre au tavernier lorsqu'il apprit qu'il fut envoyé au bûcher quelques minutes plus tôt. Bien fait pour lui pensa-t-il, ça lui apprendre à bien tenir son enseigne.

Il s'apprêtait à partir lorsqu'il la vit.

Elle écrit seule à sa table et son café refroidit. Quatre mètres infranchissables, un bar un après-midi, se souvient-il encore aujourd'hui. J'avais rendez-vous je crois, j'avais pas l'temps, avec un pape ou peut-être un président ? Mais la fille est jolie et les papes sont sûrement patients.
Elle était là dans son monde, son monde au beau milieu du monde. Loin, ses yeux posés ailleurs, quelque part à l'intérieur, plongée dans son livre, belle abandonnée.

Hésitant à prendre ses jambes à son cou, il prit son courage à deux mains. C'est ta chance ! se dit-il.

J'ai une tendresse particulière pour ces filles qui n'ont pas d'manières, pense-t-il encore à présent, les hospitalières, les dociles, vous les appelez les filles faciles, celles qui marchandent pas leur corps ni pour des mots ni pour de l'or.

Il s'approcha d'elle, et lui sorti tout de go :
- Oh belle, on ira, on partira toi et moi...
- Où ? demanda-t-elle en guise de réponse, un peu amusée.
- Je sais pas. Y'a que les routes qui sont belles et peu importent où elles nous mènent !

C'est ainsi que je parti vers de nouvelles contrée, et vécu le reste de ma vie sur les chemins. Le hasard a croisé ma vie, j'suis étranger partout aujourd'hui Etait-ce un mal, un bien ? C'est ainsi.